LA PHOTOGRAPHIE EN TANT QUE PERFORMANCE. Conjonctions illimitées
by Demosthenes Agrafiotis
Traduction: Michèle Valley
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- Indications préliminaires : épiphénomènes et défis
À l’ère du « catastrophisme éclairé », de la crisiologie sans fin, des nombreux diagnostics et de l’absence de propositions ou de perspectives (théoriques et/ou pratiques) marquantes, chaque acte ou initiative artistique est soumis – presque obligatoirement – à une série d’épreuves afin que soit vérifié sa raison d’être, sa contribution, sa durabilité et sa conjonction avec les restructurations radicales du début du 21e siècle et du 3e millénaire.
À l’heure actuelle, les anciennes dichotomies telles que possible/impossible, essentiel/superficiel, valeurs/prétextes, crucial/insignifiant, fondamental/négligeable ont perdu leur envergure établie, à la fois au niveau local et global et ceci, dû à une série de turbulences et d’horreurs accumulés. Par conséquent il est urgent de rechercher de nouveaux modèles et références pour les soutenir à travers des procédures d’évaluation et de redéfinition dans le présent.
L’art en tant que phénomène socioculturel est étroitement lié à ces turbulences. Les interrogations qui émergent sont liées à l’existence même de l’art en tant que tel (dans un nouveau monde pas très courageux) et aussi à l’interaction avec son « monde contextuel ». Dans quelle mesure la production d’images (mobiles et immobiles), utilisant la lumière (photographie classique) ou pas (image numérique) avec les différents substrats photographiques (papier, matériaux électroniques etc.), c’est-à-dire le champ d’où émergent le photographié, les photographies et les compositions photographiques est-elle en mesure de se confronter de façon critique mais de manière satisfaisante et « appropriée » aux événements et aux incidents de notre monde internationalisé ? En fin de compte, qu’est-ce qui prend forme sur ce territoire, sur ce microcosme des images ? Ce sont des regards, des propositions, des idées ou simplement des coups d’œil sans valeur ou des clins d’œil ?
Le point central de cette problématique serait de savoir si la photographie en tant qu’art photographique contemporain aurait la dynamique et la portée d’un enregistrement complexe des « moteurs premiers » ou si elle se limiterait à des jeux anodins, à des repérages d’épiphénomènes. L’émergence de « l’essentiel » et du « fondamental » se trouve-t-elle en fin de compte au-delà du potentiel de la photographie ?
Si les hypothèses susmentionnées sont acceptées, alors – si quelqu’un d’ici trente ans se pencherait sur notre présent actuel – lesquelles parmi les photographies conçues ou produites seraient conformes aux changements radicaux qui ont eu lieu dans cette décennie ? Cette question est certes de l’ordre de la fiction, mais néanmoins elle représente un défi clair et net.
A travers la production d’œuvres photographiques qui constitue finalement le domaine ultime et absolu de vérification de leur cohérence, les questions auxquelles nous nous sommes référées ci-dessus peuvent admettre des approches diverses et, surtout, des réponses différentes. Le « Athens Photo Festival » (APhF), a créé une opportunité parmi de nombreuses autres possibilités de contrôle réciproque entre idées et œuvres, institutions et photographes, de niveaux-majeur et/ou mineurs, aussi bien sur le plan local que mondial/global. https://www.photofestival.gr
- Perspectives, axes
La chrisiologie généralisée fait-elle de la « crise » un concept suspect ? Suspect dans le sens ou, au lieu que la « crise » nous donne la possibilité d’une analyse intrusive, elle est susceptible de conduire à une dissimulation – recouvrement. Certes, le mot « crise » («κρίση») en grec a une double signification : d’une part : dysfonctionnement/violation de l’ordinaire ou du normal et d’autre part : formulation d’une décision, d’une délibération, d’un jugement opportun, valide et claire concernant les actes humains. Ainsi, le jugement des dieux était important pour les mortels de la Grèce antique, tandis que pour les chrétiens ce sera Le Jugement Dernier qui constituera l’ultime verdict concernant les pécheurs et les vertueux. La délibération de Paris entre Aphrodite et Hélène provoquera la guerre de Troie. La décision d’Antigone ébranlera les fondements moraux de l’ancienne cité de Thèbes. Le jugement des athéniens aura comme conséquence d’administrer à Socrate le cyanure. De quelle « crise-jugement » ou encore, de quel type de « crises » s’agit-il à chaque fois ?
Il n’est pas facile de répondre à ce dernier questionnement. Cependant, en tant que problématique (contenant ses propres réponses éventuelles), il crée des conditions telles que l’observation, la focalisation et la contemplation des compositions de photographie et des images qui subissent obligatoirement une érosion multiple causée justement par la crise. Autrement dit, chaque image photographique qui aspire à agir comme le début d’une aventure du regard et de la pensée, une cause d’admiration et de réflexion, est soumise à de multiples épreuves pour désigner finalement toute sa portée (socio-politico-esthétique). La crise jette une ombre sur toute relation innocente ou « ludique » avec la photographie.
Mais la crise constitue aussi l’occasion d’évaluer de manière continue et ininterrompue la production d’images photographiques de ces dernières années, de l’évaluer certes selon les interrogations et les spécifications posées ci-dessus mais aussi en utilisant les questions plus précises suivantes :
- Quels sont les domaines, les thématiques et les sujets de la réalité visuelle auxquels sont confrontés les photographes ?
- Quel est le niveau d’autonomie atteint par la production photographique ?
- Quelles écoles, quelles institutions, quelles problématiques se développent en Grèce et dans quelle interaction sont-elles avec celles respectives (ou non) à l’étranger ?
- Est-il possible de se référer à des généalogies d’images ? Et surtout, ont-elles donné un regard spécifique, une connaissance et des modèles perceptifs en relation aux changements de la société ainsi qu’au devenir de l’art ?
- L’art photographique a-t-il pu transcender les apparences et toucher les cellules qui déterminent le flux des événements ?
Une exposition, un festival, un ensemble photographique ne sont pas capables de répondre à la réflexion précédente. Cependant, cela peut ouvrir un chemin vers une première réponse à la question-fiction susmentionnée : dans 30 ou 40 ans, si quelqu’un/une en tant qu’archéologue de l’image, remonte le fil du temps jusqu’à la fin du 20e siècle et/ou du début du 21eme, quelles seront ses découvertes ? Ces images auront-elles une « valeur » ? Vont-elles justifier une attention systématique ? Ou tout aura eu lieu en vain ?
La récente « récolte photographique » peut être comprise dans le contexte de la division du travail concernant la formation des images au sein de la société grecque dans le cadre de notre environnement planétaire. Une telle approche conduit à quatre questionnements spécifiques.
- Comment d’autres producteurs d’images ou d’œuvres artistiques ou d’actions (peintres, sculpteurs, concepteurs, architectes et performeurs) conçoivent-ils la photographie ? (Autrement dit, de quelle façon émergent les différences entre des images de nature différente ?)
- Comment les photographes perçoivent-ils leur existence, leur rôle et leur travail ? (Autrement
dit, comment posent-ils la question de leur « identité » ?)
- Comment des institutions et des groupes sociaux comprennent-ils les photographies ? (C’est-à-dire, quelle est l’utilisation et l’impact des photographies dans la vie individuelle et collective ?).
- Comment l’art de la photographie dialogue-t-il avec d’autres champs artistiques (poésie, danse, performance) ?
Il est évident que ces questions créent les conditions pour examiner tout d’abord les frontières de l’art photographique, le primaire et le secondaire, et en un second temps le central et le périphérique de l’acte photographique et pour finir, de trouver les frontières de l’autonomie et de la dépendance de la photographie contemporaine (grecque et internationale) en référence, bien sûr, à ce qui se passe à l’échelle mondiale.
L’œuvre photographique met tout d’abord en forme un regard (une approche structurée et un rendu du côté visible des choses) ou tente de dépeindre de manière figurative le visible ou encore de faire un clin d’œil à la réalité. En d’autres termes, la photographie constitue un spectre allant de l’impression mécanique à son engagement exigeant (esthétique et socioculturel) vis-à-vis à l’évolution du monde. Dans ce processus, il est dangereux de définir à l’avance la « bonne image ». Dans le meilleur des cas, le travail des photographes met en valeur la question « qu’est-ce qui fait une bonne image ? » Ainsi se créent des tensions entre la pratique de chaque photographe et tout schéma normatif éventuel, surmontant ainsi, en partie, le paradoxe de la « convention » et de la « liberté artistique ». (Quelles tensions correspondantes peut-on discerner dans les recherches des photographes grecs ?)
Avec la photographie dite « postmoderne » a eu lieu un gaspillage de façon plus ou moins délibérée du capital culturel de la photographie. Bien sûr, le terme « postmoderne » peut même être trompeur – en particulier dans le cas grec qui n’a pas connu toute l’aventure de la « modernité » -, car ce terme a été établi plutôt par le journalisme et les médias. Le terme est utilisé ici pour désigner des photographies qui au nom de la « modernité » ont régressé et simplifié (souvent avec ironie et humour) la composition photographique. Ils ont créé une photographie- clin d’œil, pas une photographie-regard puissant.
Maintenant que l’élément à la mode s’est estompé principalement en raison des graves conséquences de la crise, la photographie « postmoderne » elle-même est entrée en crise. Considérant que le concept de la modernité dans l’art reste important et qu’il continue de l’être aussi après la phase moderniste, il est nécessaire que l’art actuel soit reconstitué sans succomber au concept « postmoderne » mais de le dépasser. Ainsi, dans le cas de la photographie, cette dernière peut reprendre le fil à la recherche d’un nouvel horizon. Si le diagnostic schématique mentionné ici a une certaine validité, se pose alors la question de savoir si la production photographique grecque a suivi un modèle analogue ? En d’autres termes, quelle combinaison entre un coup d’œil simple, un regard robuste et un clin d’œil a été mis en œuvre dans l’art photographique en Grèce ? Un festival comme celui de « Athens Photo Festival » est un domaine idéal pour mettre en essai la problématique susmentionnée.
- Orbites
L’art moderniste (précoce, tardif, mature, futur) prévoit et favorise le mélange des genres et du travail au-delà des limites conventionnelles des « régimes expressifs ». L’interaction continuelle entre les pratiques artistiques et l’émergence de lieux communs, de liens et de nœuds constitue une recherche, une préoccupation constante des artistes, quelles que soient leur point de départ et leur origine. Un domaine d’intersection possible serait celui entre l’art de la photographie et l’art de la performance. La performance progresse au fil du temps et est basée sur l’échange d’énergie, d’idées, de pensées, de messages entre l’artiste-performeur et le public. La photographie en tant qu’arrêt du temps (aujourd’hui figé en quelques fractions de seconde) et en tant que représentation basée sur la représentativité comme celle-ci est envisagée par les normes de la perspective de la Renaissance, constitue un univers différent que celui de la performance. Alors, comment la photographie peut-elle être combinée avec la performance ? En tant que complément ? Contraste ? Convergence ? Divergence ? Subversion ?
Comment définir la « performance » en gardant un esprit et une attitude « performative » ? En d’autres termes, comment aborder la performance sans trahir son essence explosive ? Au nom de quelle épistémologie pourrait-on réclamer une approche pertinente ? Dans quelle mesure doit-on suivre les consignes des analyses inscrites dans les sciences sociales (p.ex. anthropologie), dans les disciplines psychologiques (p.ex. psychanalyse ou ethnopsychiatrie) dans les sciences de communication (p.ex. sémiologie) ou encore dans les théories philosophiques ? Notre tentative de saisir le concept de la « performance » se veut transversale par rapport aux approches cité ci-dessus mais aussi nourrie de mes pratiques personnelles ainsi que les expérimentations des autres collègues performeurs. Une autre source d’inspiration pour délimiter la notion de la performance se trouve dans les textes présocratiques, les textes poétiques homériques et les tragédies d’Eschyle. Cette dernière référence est extrêmement utile lorsque je m’exprime en Grec car cela me permet d’employer le terme grec « epitelesis – επιτέλεσις » et non pas le terme « performance ». Ce choix me permet de souligner que le terme « performance » est bien devenu international mais qu’il cache en réalité une pseudo-universalité imposée par une domination, justifiée ou non, d’une approche cultivée dans le monde anglosaxon.
Je revendique que l’art de la performance
- permet d’explorer des zones-frontières entre les différents domaines artistiques (arts visuels et arts vivants, poésie et arts du spectacle et du cirque) ;
- s’offre de mener des expérimentations aux interfaces de l’art et des technologies (surtout celles nouvelles et avancées), entre l’art et les métiers artisanaux ;
- se présente comme une occasion d’échanges étroits entre l’artiste performeur et le public, une occasion aussi pour le/les performeurs d’échanger étroitement idées, émotions, apories, phrases, objets et gestes dans une relation au public, et ceci dans des conditions spécifiques de temps et de lieux, mais toujours à l’initiative et en présence du performeur ;
- apparaît comme une tentative de communication, un champ d’interaction et de partage concernant des questions, des problématiques et des contradictions socio-culturelles et politiques ;
- constitue un moment privilégié pour investiguer sur la manière dont l’individu se connecte avec le collectif, le passé avec le présent et le futur, et la façon dont l’acte se lie à la signification ;
- encadre les stratégies des performeurs qui se veulent souples, variées et continuellement réinventées ;
- est capable de poser des questions et de mettre en cause d’une manière concrète le statut de l’art en tant que tel et en même temps de changer les limites de son propre mode d’exister ;
- proclame la nécessité et la légitimité d’un mode d’existence artistique à la fois frontale et critique vis-à-vis au contexte dans lequel elle émerge en tant que processus autonome ;
- possède le potentiel d’un processus « initiatique » pour les participants en ayant l’ambition de démontrer la substance, le noyaux dur des faits, des signes et des symboles ;
- souligne les différentes formes du corps humain au sein des diverses situations sociales (corps biologique, corps imaginé, corps phantasme, corps imaginaire, corps « social » etc.)
- prétend jeter une lumière sur la question de la ritualité au sein des sociétés contemporaines ;
- se présente comme un objet propice à l’analyse mais proclame l’inévitable manque de certitude concernant toutes les définitions ainsi élaborées ;
- se concentre sur l’articulation entre l’éphémère et l’éternel, l’immédiat et le distancié dans le temps et l’espace ;
- cultive une relation spécifique avec les institutions du domaine de l’art et surtout du marché de l’art ;
Il est évident que le cadre notionnel ci-dessus est à la fois complexe et multidimensionnel. Chaque dimension (que je considère comme fondamentale) demande une problématique spécifique pour être précise et cohérente. Il serait donc nécessaire de sélectionner une dimension spécifique pour démontrer la complexité propre à chaque dimension.
Wittgenstein a écrit : « on pourrait presque dire que l’homme est un animal cérémonial ».
Claude Lévi-Strauss constate que dans les rites la manie et l’angoisse coexistent.
Dans les sociétés sans écriture ou dans les sociétés préindustrielles les rites et les cérémonies ont permis aux membres de ces sociétés d’aborder les défis et les contradictions de leur devenir et aussi de se référer aux origines de leur vie collective. Dans nos sociétés avancées du point de vue technologique, les rites sont en pleine marginalité étant donné que les procédures, les rationalités et les processus (et récemment les algorithmes et les codes) marquent tous les actes, les gestes et les pratiques individuelles et collectives. Ce fait conduit à la formulation suivante : les sociétés postindustrielles sont très puissantes et capables de transformer leurs environnements matériels mais elles sont pauvres en capital symbolique. En revanche les sociétés traditionnelles interviennent auprès de la « nature » avec respect et mesure mais elles sont riches en capital symbolique. Au sein des sociétés contemporaines les procédures, les big data et l’intelligence artificielle sont dominantes et leur but est de résoudre des enjeux techniques et d’assurer l’efficience et la compétitivité. Cependant, les rites et les cérémonies sont réalisés au sein des sociétés prémodernes visant à produire des significations et des références identitaires et à faire renaitre le sentiment d’appartenance et d’origine. Ainsi, la performance en tant qu’art peut être conçue comme l’effort désespéré de faire revivre les rites et les cérémonies en tant que éléments cruciaux et nécessaires afin de créer des repères dans notre époque marquée par des turbulences continuelles du monde matériel au niveau planétaire.
Dans le cadre du « Athens Photo Festival », une exploration systématique des modes d’engagement et de connexité entre la photographie et la performance a été constituée. Ainsi, le premier cycle des six performances qui ont eu lieu dans le cadre du « Athens Photo Festival » en 2009 au « Bâtiment du Pont Piéton-Esplanade au Pôle Olympique de Faliron » a été la première occasion qui nous a permis de vivre des essais et des épreuves autour de comment un art qui fait partie des arts vivants (la performance) et un art principalement visuel (la photographie) peuvent se croiser pour produire en fin de compte des hybrides intéressants. Par la suite dans les années à venir, cette première organisation expérimentale sera poursuivie et complétée dans les lieux de la « Technopolis de la municipalité d’Athènes » et au « Musée Benaki, annexe de la rue Pireos ». (Commissaire des 7 festivals : Démosthène Agrafiotis et collaborateurs. Pour plus d’informations, voir le texte ci-dessous). Cette initiative inaugurera un nouveau domaine de recherche, peut-être unique au niveau mondiale, grâce au soutien du « Athens Photo Festival » et à la générosité des artistes-performeurs et d’une multitude de techniciens.
4- APhF:09-16 / Actions, orientations
4.1. APhF:09 – Mise en route
« La photographie en tant que performance »
Dans le cadre du « Athens Photo Festival » 2009 [APhF:09]
Bâtiment du Pont Piéton-Esplanade au Pôle Olympique de Faliron
Commissaire : Démosthène Agrafiotis
Le festival « La photographie en tant que performance » a été organisé pour la première fois dans le cadre du « Athens Photo Festival » APhF:09. Son cadre conceptuel et esthétique peut être perçu dans les paragraphes 1 à 3 de ce texte. Sa première version a donné l’opportunité d’identifier les obstacles matériels et de comment les surmonter en raison du manque d’infrastructure et de budget spécifique. Mise en route, essais et épreuves marquent cette première tentative.
Le « Athens Photo Festival », organisé pour la première fois en automne 2009 par le « Centre Grec de la Photographie », est la suite du « International Month of Photography » qui a lieu à Athènes depuis 1987. Il s’agit d’un événement culturel international dédié à l’art de la photographie. Le programme de l’événement présente des projets impliquant des artistes de la scène grecque et internationale ainsi qu’une gamme d’activités – tables rondes, ateliers, conférences, concours de photographie – et des événements parallèles tels que la « La photographie en tant que performance » intégré au « Athens Photo Festival » de 2009 à 2016.
4.2. APhF:10 – Consolidation
« La photographie en tant que performance »
Dans le cadre du « Athens Photo Festival » 2010 [APhF:10]
Bâtiment du Pont Piéton-Esplanade au Pôle Olympique de Faliron
Commissaires : HOPE & Démosthène Agrafiotis
4.2.1. L’organisation
Le programme de l’exposition de l’édition 2010 a été divisé en deux parties principales. Le programme « Dans la ville » comprend un total de 30 expositions qui sont hébergées dans un grand nombre de galeries, musées, instituts éducatifs et autres lieux d’expositions dans Athènes.
Le programme « Sous le pont », a eu lieu dans le Bâtiment du Pont Piéton-Esplanade au Pôle Olympique de Faliron qui forme un lieu moderne dédié aux amateurs de la photographie et de « l’univers visuel ». Ce bâtiment a été utilisé en tant qu’infrastructure culturelle qui recoupe des approches artistiques sélectionnées, servant avec une superficie de 4500 mètres carrés de plate-forme pour coupler et faire interagir des projets artistiques. En plus des expositions photographiques, le programme est complété par une série d’activités comprenant des conférences, un point de vente de livres photo, le festival « La photographie en tant que performance », la mise en œuvre de programmes éducatifs pour les enfants et les familles, des occasions de bénévolat principalement pour des étudiants et des visites spéciales guidées.
4.2.2. La thématique
Dans une période de confusion, privée de propositions et de perspectives solides, où les théories économiques s’annulent réciproquement et les idéologies politiques sont contestées, une conception contemporaine de l’art ainsi que sa reconstruction est proposée à travers des lectures politiques et sociales de la réalité.
L’art photographique contemporain tente d’appliquer des modèles d’approche épistémologique, esthétique et métaphysique de la réalité telle que ceux-ci émergent à travers les nouveaux systèmes d’interprétation, d’enregistrement et de représentation du monde perceptible sous toutes ses facettes.
La photographie en tant qu’approche esthétique des choses ou des faits nécessite sans aucun doute un espace/lieu et un temps, et sa contemplation peut fonctionner comme une fenêtre, mais aussi comme un point de départ pour se promener à travers des mondes aux significations multiples, des mondes visibles et invisibles.
Le thème central de l’organisation 2010 du « Athens Photo Festival » intitulé « Interfaces » (points d’interaction entre deux systèmes) recoupe des approches artistiques sélectionnées, agissant comme une plate-forme pour articuler et assembler des œuvres qui franchissent la frontière entre le réel et le fantastique, le présent et l’absent, le représentable/photographiable et ce qui ne l’est pas, et se caractérisent par leur particularité et leur vitalité.
4.2.3. La problématique
4.2.3.1. Le démarrage
La photographie en tant qu’empreinte ou en tant que construction numérique – mais toujours selon les règles de l’art photographique – est limitée par son cadre et s’arrête à son périmètre. Les deux dimensions de l’image photographique cultivent l’illusion de la troisième dimension de l’espace géométrique selon la tradition dominante de la peinture de la Renaissance. L’espace de la photographie est inventé à l’instant même où le temps est arrêté et la particularité de l’espace-temps photographique émerge. Un questionnement qui s’en suit pourrait être : quelle est la signification des éléments laissés en dehors de l’espace-temps et du cadre de la photographie ? Si la photographie est considérée refléter la version visible des choses, quelle est l’influence de ce qui se trouve hors cadre dans la visée esthétique de celle-ci ? La photographie peut-elle être considérée comme l’interface entre le visible et l’invisible des choses ? Ou est-elle un moyen pour explorer d’une part les multiples versions du diptyque absence/présence, et d’autre part la question de la référence que fait la photographie à son objet/sujet et de l’existence latente des éléments en dehors du cadre ?
Les réponses peuvent être fournies par des photographes et/ou des théoriciens de la photographie. Dans le cadre de APhF:10, la performance s’est engagée à fournir quelques premières réponses aux questions ci-dessus. La stratégie de ces actions est basée sur les « masques », qui permettent de multiples jeux entre le visible/l’invisible, le présent/l’absent, à l’intérieur et à l’extérieur du cadre.
4.2.3.2. Les actions
Des expositions, des performances et une table ronde ont été organisés dans le cadre thématique APhF:10 – « Interfaces ». Plus précisément, dans le cadre du festival « La photographie en tant que performance » les actions suivantes ont eu lieu :
- i. « Manuzio, Giorgione. Rencontre, point de repère », exposition de James Johnson – Perkins (Angleterre) et Démosthène Agrafiotis (Grèce). La référence principale de l’exposition est la suivante :
«1500, Venise. Aldus Pius Manutius (1449-1515) commence ses activités en tant que typographe et principalement en tant qu’éditeur de ses livres, (Aldine Press) et va marquer l’ensemble du mécanisme de production de livres humanistes, contribuant ainsi – de manière cruciale – à l’essor des Lumières. Son travail annonce également l’imprimerie grecque et le livre grec comme un objet matériel et comme un support matériel pour l’écriture et l’image.
1500, Venise. Vivant la « crise » du passage du XVe au XVIe siècle, Giorgione (1477-1510) la capte dans ses œuvres, peu nombreuses mais géniales : Il parvient aujourd’hui encore à servir de repère pour l’art moderne et contemporain, car il transforme l’image en un outil de diagnostic du sort que subit l’époque dans laquelle il vit.
[1500 + 500 + 10], c’est-à-dire 2010, Venise. Une rencontre imaginaire et fantastique des deux artistes de la Sérénissime susmentionnés sur un pont entre leurs maisons respectives, représentés par deux artistes européens (JJ-P et DA) en 2010. Cette mise en scène est capturée en images photographiques. Les photographies sont destinées à servir de modèles pour l’ingéniosité humaine face aux fléaux de l’histoire. (Exposition au bâtiment de l’esplanade, pôle olympique de Faliron). (Voir photo annexée ci-dessous).- Actions performative. Michèle Valley se déplace avec le masque porté par Démosthène Agrafiotis en tant que Aldo Pio Manuzio dans l’exposition susmentionnée. Devant les photographies il se crée ainsi une « confusion » entre le figuratif et le non-figuratif (voir photo annexée ci-dessous).
iii. HOPE, Petros Touloudis, Michèle Valley et Démosthène Agrafiotis se lancent dans un « jeu » improvisé avec masques et déguisements, créant avec leurs mouvements et déplacements différents cadres et formes géométriques d’un caractère arbitraire qu’ils génèrent dans l’endroit spécifique du bâtiment de la passerelle-esplanade. (Voir photo annexée ci-dessous.)
- A l’entrée du bâtiment, les performeurs fabriquent des masques et les distribuent aux visiteurs, leur demandant d’agir dans un esprit de performance participative. Les performateurs-bénévoles se déplacent dans l’espace du festival comme messagers des actions (i) – (ii) – (iii).
- Le 24 novembre 2010, une table ronde sur « L’art et Internet » a été organisée à Hellenic American Union / association hellénique américaine, en présence de Pedro Meyer (photographe mexicain exposant dans les salles de l’HAU), de la photographe Nadia Baram et de Tina Schelhorn, directrice de la Galerie Lichtblick à Cologne (Allemagne). La discussion, coordonnée par Démosthène Agrafiotis, s’est concentré sur le bouleversement qu’Internet apporte dans le domaine de la photographie et dans le monde de l’art en général. Le déplacement continu des interfaces a suscité l’intérêt des intervenants.
4.4. APhF:12 – Multiplicité
« La photographie en tant que performance »
Dans le cadre du « Athens Photo Festival » 2012 [APhF:12]
Technopolis de la municipalité d’Athènes
Commissaires : Démosthène Agrafiotis, Andreas Pashias
L’art photographique se trouve (historiquement) en un dialogue constant avec la peinture, en une interaction constante avec l’image mobile (cinéma, art vidéo) et sous une influence constante des arts graphiques qui s’appuient de plus en plus sur les systèmes d’information et de télécommunication. L’association de la photographie avec la musique ou avec la performance est moins développée, surtout dans le cas de la performance qui nécessite la présence de l’artiste. L’échange des actions, des mots, des émotions, des images et des pensées avec le public dans une relation « corps à corps », ainsi que l’instantané (le temps) et l’empreinte (le lieu) de la photo créent un champ, une invitation à fusionner les deux structures/véhicules artistiques. Ainsi, le cycle des performances dans le cadre de « Athens Photo Festival » 2012 représente une opportunité pour tester comment un art qui fait partie des arts vivants (la performance) et un art principalement visuel (la photographie) peuvent se croiser pour produire des hybrides intéressants.
4.4.1. Les actions
Pour la quatrième année consécutive, le « Athens Photo Festival » accueille une série de performances dans le cadre de « La photographie en tant que performance ». Les lieux d’expositions ont été transformés en une plate-forme d’actions vivantes. L’édition de cette année est organisée par Démosthène Agrafiotis en collaboration avec Andreas Pashias, dans le but d’associer l’art photographique à l’art de la performance. Lorsque les champs et les définitions des genres artistiques se croisent, une forme d’expression hybride est créée. Par conséquent, les façons dont le public voit une photographie en deux dimensions sont fortement influencées par la dimension / intervention de l’action vivante.
Le festival a commencé avec la performance de groupe « Obstacles », pendant laquelle les performeurs ont tenté de modifier l’espace d’exposition par une action vivante et de changer la façon dont les photos étaient perçues par le public. Plus précisément, les performeurs ont empêché momentanément les spectateurs de bouger, ou encore ils se sont placés entre les photos et le public. La difficulté de visionnement rappelle la convention existante entre l’ « exposition » et le «visiteur/observateur».
Dans la première partie du festival, Amalia Harikiopoulou a présenté l’installation « Out of the Box », qui a fonctionné comme un bureau miniature dans le but d’enregistrer des œuvres d’art et des textes relatifs. Son travail constitue un commentaire performatif sur le concept des archives.
La performance de Panos Sklavenitis, « Un artiste peut mourir d’un cœur brisé », était basée sur une lecture interprétative d’une application improvisée qui remplace le mot « éléphant » par le mot « artiste » sur Twitter. Le texte est lu en déplacement dans l’espace.
Dans la performance d’Andreas Pashias « Equilibrium », le corps de l’artiste était présenté sous la forme d’une statue, comme un contenant pour la nourriture offerte au public. Le corps est apparu comme une « balance de la justice » pour des aliments comparables consistant d’hors d’oeuvre populaires de la cuisine grecque. Les participants ont eu l’occasion de choisir le plat qu’ils préféraient, déterminant ainsi l’évolution de la performance.
Dans la performance « Walking Together », Rosina Ivanova a tenté d’explorer un espace intermédiaire, où les frontières et les limites sont examinées à travers des codes linguistiques, des identités nationales et des coordonnées géographiques. (Grèce-Bulgarie)
La performance « L’accélération de mon corps » de Maria Nikiforaki a évolué à l’intersection entre le spectacle et la réalité. Dans une condition entre espace ouvert au regard publique et espace privé, les participants ont eu l’occasion de parler avec l’artiste sur son téléphone portable alors qu’elle se tenait tout en haut d’un escalier de l’ancien bâtiment industriel de l’usine à gaz d’Athènes.
Inspiré par le nouveau tournant dramatique qu’a pris la vie de classe moyenne en Grèce en période de crise, Nikos Stathopoulos, lors de sa performance « Marché blanc » est entré en interaction avec le public en tant que « Aspragoritis » à travers des transactions derrière un comptoir de marché noir d’objets (soi-disant) de valeur.
La série d’actions dans le cadre de « La photographie en tant que performance » a été complétée par les performances de Démosthène Agrafiotis, Jennifer Nelson, Angelos Krallis et Nikos Gikas. Pour plus d’informations et le programme, voir les liens / liens suivants :
- dagrafiotis.com/?p=932&from_cat=7&lang=el
- plus.google.com/photos/114013752451485217779/albums/5694988850528817105?banner=pwa&authkey=COigoMurpInujgE.
4.5. APhF:13 – Stabilisation
« La photographie en tant que performance »
Dans le cadre du « Athens Photo Festival » 2013 [APhF:13]
Technopolis de la municipalité d’Athènes
Commissaires : Démosthène Agrafiotis, Andreas Pasias
4.5.1. La conception
Le « Athens Photo Festival », le festival majeur de la photographie du sud-est de l’Europe et l’un des cinq plus anciens au niveau mondial dédié à l’art de la photographie, a ouvert ses portes vendredi 1er novembre 2013 à la Technopolis de la municipalité d’Athènes, présentant le programme central de l’exposition.
Des expositions de photos impliquant des artistes et des commissaires du monde entier et un large éventail d’activités et d’événements parallèles placent Athènes au centre de la scène photographique internationale. Le volet important du Festival, le « Portfolio Reviews » de cette année a lieu le samedi 2 novembre et le programme de conférences « Photo Voices » le dimanche 3 novembre au Musée Benaki coordonnée par Démosthène Agrafiotis.
L’événement est complété par un programme parallèle d’expositions organisées dans dix espaces de la ville, telles que des instituts d’enseignement, des galeries d’art et d’autres organisations culturelles.
Le corps principal du programme d’expositions axées sur la photographie internationale renforce le dialogue esthétique et social, en présentant des pratiques artistiques sélectionnées qui se caractérisent par leur particularité et leur vitalité.
Dans un esprit de continuité, le « Athens Photo Festival » cherche à être une plate-forme en constante évolution pour présenter les tendances et pratiques contemporaines du domaine de la photographie artistique et de la culture visuelle, élargissant ainsi ses frontières avec de nouvelles idées et propositions. En même temps, il vise à servir d’occasion pour entrer en contact et collaborer avec des institutions et des agences culturelles de différents pays, dans le but ultime de rendre possible des synergies et des échanges artistiques.
www.photofestival.gr & www.hcp.gr
4.6. APhF:15 – Déplacement
« La photographie en tant que performance »
Dans le cadre du « Athens Photo Festival » 2015 [APhF:15]
Musée Benaki, annexe de la rue Pireos
Commissaires : Démosthène Agrafiotis, Nikos Stathopoulos, Sylvia Solakidi
4.6.1. Le tournant
L’art contemporain encourage l’interaction et la transcendance des limites conventionnelles des champs expressifs. Depuis 2009, le « Athens Photo Festival » offre une excellente occasion d’expérimenter les moyens par lesquels un genre artistique entre un art qui fait partie des arts vivants (la performance) et un art principalement visuel (la photographie) peuvent transgresser leurs frontières mutuelles et créer de façon multiforme et/ou astucieuse des œuvres intéressantes.
Des artistes d’horizons différents (arts visuels, théâtre, musique, photographie, graphisme) présentent des actions liées à la question du soi et de l’altérité et déploient de manière rituelle des situations qui cherchent l’équilibre aux frontières des différentes expériences. Ils s’approprient des symboles, des représentations et des rôles sociaux dans le but de recadrement de la mémoire telle qu’elle est représentée sur les photographies (The Black Swan, Kostas Voulgaris, Stavros Taktikos, Thodoris Trampas, Vasiliki Psarrou-Apostolos Plachouris), avec le recadrement de la mémoire de l’enfance (Alexandra Ioannidi, Markela Kontaratou, Evangelia Raftopoulou), le recadrement de la mémoire symbolique et sociale (Filippos Vasiliou, Happlnk, Andri Lazarou, Maria Lympoura, Nikos Stathopoulos, Fotini Hatzimichail), le recadrement de la mémoire d’œuvres d’art ou de la culture pop (The Flower Girls, Anastasis Grivas-Rilene Markopoulou-Eva Giannakopoulou, Antigoni Theodorou Eleni Tsamadia) et le recadrement de la mémoire qui renferme dans ses propriétés des matériaux naturels ou artificiels (Myrto Vratsanou, Maria Iliopoulou, Vasiliki Sifostratoudaki).
Le but ultime des artistes est d’explorer des moyens inattendus pour reconstruire ou même (dé)construire la mémoire individuelle et collective, en testant l’ambiguïté et les multiples significations des représentations visuelles de l’expérience humaine qui sont répandues.
4.7. APhF:16 – Clôture
« La photographie en tant que performance »
Dans le cadre du « Athens Photo Festival » 2016 [APhF:16]
Musée Benaki, annexe de la rue Pireos
Commissaires : Démosthène Agrafiotis, Vago Tedosio, Yiannis Spiliopoulos
4.7.1. Le point
Il a déjà été souligné que l’art contemporain encourage l’interaction et la transcendance des limites conventionnelles des champs expressifs. Ce « [mal/dé] placement / [mis/dis]placement»» implique de nombreuses variables, allant de celles politiques à celles psychologiques et sociales et celles transgenres qui servent toutes de déclencheur pour rechercher des « frictions » fertiles entre l’art photographique et la pratique performative. Les images photographiques et les musées qui les exposent forment une place, un paysage, une combinaison entre le réel et l’imaginaire où les performeurs et leurs actions sont appelés à retracer de manière critique la vision formée par les photographes, lors qu’ils abordent à la fois l’éternel et l’actuel de la mobilité humaine.
4.7.2. L’intention
Le « Athens Photo Festival », la grande fête de la photographie qui a lieu au Musée Benaki, à l’annexe de la rue Pireos, ouvre ses portes le jeudi 09 juin et se poursuit jusqu’au dimanche 31 juillet 2016, consacrant le festival comme l’évènement majeur concernant la photographie en Grèce.
Le programme principal du festival présente le travail de 85 artistes renommés et émergents venus de 26 pays différents. La thématique de cette année, sous le titre général de « [mis/dis]placement », suggère un parcours à travers des formations visuelles et de récits qui interprètent, représentent et documentent les positions et les contradictions du monde contemporain, telles qu’elles sont façonnées à travers les situations chargées d’un point de vue social, politique, existentiel et culturel / civilisationnel.
Les expositions présentées dans le cadre du « Athens Photo Festival » s’étendent sur les deux étages du musée et sont articulées à travers des sections indépendantes qui mettent en relation des œuvres photographiques d’artistes contemporains, du matériel audiovisuel et des livres sur la photographie, renforçant ainsi le dialogue aussi bien artistique que social. www.photofestival.gr
Exemple de « section indépendante » :
“Life Tracks”, organisée par Démosthène Agrafiotis. Les photographes Yoann Cimier (FR), Karolin Klüppel (DE), Alvaro Laiz (ES), Namsa Leuba (CH), Polixeni Papapetrou (AU), Klaus Pichler (AT), Laurence Rasti (CH), Miriam Stanke (DE), Danilla Tkachenko (RU), Sanne De Wilde (BE) y participent.
Les différentes « Τrajectoires Ηumaines » / « Life Tracks », indépendamment de leur point de départ, se croisent, s’éloignent et convergent s’influençant mutuellement, se reflétant dans les photographies des sept créateurs susmentionnés qui se distinguent par leur caractère unique dans une ode au différent. Allant des colonies éphémères des nomades sur les plages jusqu’ à la position privilégiée du genre féminin dans un groupe ethnique indien, de l’attitude de la société chinoise concernant la diversité jusqu’à la ghettoïsation des homosexuels en Iran théocratique et du mode de vie des viennois marginaux jusqu’au choix du retour à la nature et au totémisme aux nuances surréalistes.
Les performeurs sont invités à former de multiples dialogues avec la section indépendante précitée ainsi qu’avec les autres sections en soulignant la thématique générale de l’APhF:16 tout en incluant la problématique spécifique de la « Photographie en tant que performance ». Autrement dit, les performeurs vont se confronter aux photos qui composent les sections du « Athens Photo Festival » qui ont été sélectionnées par un comité spécial.
- Conclusions
Les sept versions du festival « La photographie en tant que performance » dans le cadre du « Athens Photo Festival » qui ont eu lieu en l’espace de huit ans, conduisent-elles à la formulation de conclusions robustes et cohérentes ? Ce n’est pas certain, mais quelques premières constatations pourraient être formulées :
(j) En période de crise, et malgré les difficultés, les artistes dans le domaine de la performance ont prouvé avec une générosité inhabituelle qu’ils peuvent réaliser des actions pour finalement établir un dialogue entre l’art photographique et l’art performatif.
(ii) Les actions montrent que le dialogue se développe au nom de la multiplicité des matériaux, des gestes, du recrutement, des défis, des significations, des influences et des schémas.
(iii) Les visiteurs des expositions de photos participent aux invitations-défis des performeurs, et il semble qu’ils jouissent d’un plaisir complémentaire qui résulte de l’interférence avec la performance.
(iv) Les photographes qui visitent les expositions sont ravis car ils ont la possibilité de produire des images dans lesquelles le mouvement est présent de manière presque explosive.
(v) Au niveau de la théorie, il n’est pas possible d’émettre des arguments « solides », car l’expérience du festival « La photographie en tant que performance » est relativement limitée. Autrement dit, il est nécessaire de tester différentes perceptions sur l’inter-action de la photographie avec la performance, puis de tester différents schémas ou hypothèses théoriques.
Vive le prochain Festival !!! L’expérience 2009-2016 à Athènes n’est qu’une phase préliminaire !!
Remerciement. L’expérience entière a été basée sur un grand nombre d’artistes, administrateurs, commissaires, photographes, organisateurs, spécialistes en communication, reconnus et inconnus ; je leur dois beaucoup.
Remerciements particuliers à Stavros et Manolis Moresopoulos qui ont accepté de réaliser cette expérience dans le cadre du « Athens Photo Festival ».